Apr 21, 2019

Avec Cornélius Castoriadis

Rue saint Jacques - Vernon - 27

Société:
Organisation qui ne se représente pas comme quelque chose, mais qui se pose (s'institue) comme quelque chose au travers de significations imaginaires, de normes, de valeurs, de mythes, de représentations, de projets, de traditions, ....

Individu:
Seul porteur 'réel' ou 'concret' des significations imaginaires d'une société; voulant en être et la faire être continuellement, tels qu'elles ont été précisément façonnées, fabriquées par les institutions, c'est-à-dire par d'autres individus, eux-mêmes porteurs de ces institutions et des valeurs et significations corrélatives.

Démocratie:
Hommes et femmes libres qui instituent pour chacun d'eux la possibilité d'être gouverner et de gouverner (participation effective à la démocratie)

"Dans sa véritable définition, la démocratie consiste en ceci, que la société ne s'arrête pas à une conception de ce qu'est le juste, l'égal ou le libre, donné une fois pour toute, mais s'institue de telle sorte que les questions de la liberté, de la justice, de l'équité et de l'égalité puissent toujours être re-posées dans le cadre du fonctionnement "normal" de la société" 

Pseudo-démocratie:
Hommes et femmes individualistes

Société démocratique et art:
"Une société autonome, une société véritablement démocratique, est une société qui mets en question tout sens donné, et où, de ce fait même, est libérée la création de significations nouvelles, et dans une telle société, chaque individu est libre de créer pour sa vie le sens qu'il veut (et qu'il peut). Mais il est absurde de penser qu'il peut faire ça hors de tout contexte et conditionnement social-historique (...) Pour les grands romanciers, les grands musiciens, les grands peintres de cette période (époque de création extraordinaire de 1800 à 1950), il n'y a pas de sens pré donné (pas plus que pour les grands mathématiciens et scientifiques). Il y a l'ivresse lucide de la recherche et de la création de sens.
Le grand art est à a fois une fenêtre de la société sur le chaos, et la forme donnée à ce chaos (alors que la religion est la fenêtre vers le chaos et le masque posé sur le chaos). L'art est une forme qui ne manque rien. A travers cette forme, l'art montre, indéfiniment la chaos, et par là, il remet en question les significations établies de la vie humaine et des ses contenus les plus indispensables.
(...) De ce fait, loin d'être incompatible avec une société autonome, démocratique, le grand art en est indispensable car une société démocratique sais, doit savoir, qu'il n'y a pas de signification assurée, qu'elle vit sur le chaos, qu'elle est elle-même un chaos qui doit se donner forme, jamais fixé une fois pour toute. c'est à partir de ce savoir, autant dire le savoir de la mortalité, on y reviendra, que la société et l'art contemporain récusent et refusent"

(...) Toute société doit se conserver, se préserver, se défendre. Elle est constamment mise en cause, d'abord par le déroulement du monde, l'inframonde tel qu'il est avant sa construction sociale. Elle est menacée par elle-même, par son propre imaginaire qui peut ressurgir et mettre en cause l'institution existante. Elle est aussi menacée par les transgressions individuelles, résultats du fait qu'au noyau de chaque être humain une psyché singulière, irréductible et indomptable. Elle est enfin menacée par, jusqu'à nouvel ordre, par les autres sociétés. Aussi et surtout, chaque société est plongée dans une dimension temporelle immaîtrisable, un avenir qui est à faire, relativement auquel il y a non seulement des incertitudes énormes, mais des décisions qui doivent être prises."

D'après la Montée de l'insignifiance - Édition du Seuil - 1996

No comments: