Apr 21, 2019

Avec Cornélius Castoriadis

Rue saint Jacques - Vernon - 27

Société:
Organisation qui ne se représente pas comme quelque chose, mais qui se pose (s'institue) comme quelque chose au travers de significations imaginaires, de normes, de valeurs, de mythes, de représentations, de projets, de traditions, ....

Individu:
Seul porteur 'réel' ou 'concret' des significations imaginaires d'une société; voulant en être et la faire être continuellement, tels qu'elles ont été précisément façonnées, fabriquées par les institutions, c'est-à-dire par d'autres individus, eux-mêmes porteurs de ces institutions et des valeurs et significations corrélatives.

Démocratie:
Hommes et femmes libres qui instituent pour chacun d'eux la possibilité d'être gouverner et de gouverner (participation effective à la démocratie)

"Dans sa véritable définition, la démocratie consiste en ceci, que la société ne s'arrête pas à une conception de ce qu'est le juste, l'égal ou le libre, donné une fois pour toute, mais s'institue de telle sorte que les questions de la liberté, de la justice, de l'équité et de l'égalité puissent toujours être re-posées dans le cadre du fonctionnement "normal" de la société" 

Pseudo-démocratie:
Hommes et femmes individualistes

Société démocratique et art:
"Une société autonome, une société véritablement démocratique, est une société qui mets en question tout sens donné, et où, de ce fait même, est libérée la création de significations nouvelles, et dans une telle société, chaque individu est libre de créer pour sa vie le sens qu'il veut (et qu'il peut). Mais il est absurde de penser qu'il peut faire ça hors de tout contexte et conditionnement social-historique (...) Pour les grands romanciers, les grands musiciens, les grands peintres de cette période (époque de création extraordinaire de 1800 à 1950), il n'y a pas de sens pré donné (pas plus que pour les grands mathématiciens et scientifiques). Il y a l'ivresse lucide de la recherche et de la création de sens.
Le grand art est à a fois une fenêtre de la société sur le chaos, et la forme donnée à ce chaos (alors que la religion est la fenêtre vers le chaos et le masque posé sur le chaos). L'art est une forme qui ne manque rien. A travers cette forme, l'art montre, indéfiniment la chaos, et par là, il remet en question les significations établies de la vie humaine et des ses contenus les plus indispensables.
(...) De ce fait, loin d'être incompatible avec une société autonome, démocratique, le grand art en est indispensable car une société démocratique sais, doit savoir, qu'il n'y a pas de signification assurée, qu'elle vit sur le chaos, qu'elle est elle-même un chaos qui doit se donner forme, jamais fixé une fois pour toute. c'est à partir de ce savoir, autant dire le savoir de la mortalité, on y reviendra, que la société et l'art contemporain récusent et refusent"

(...) Toute société doit se conserver, se préserver, se défendre. Elle est constamment mise en cause, d'abord par le déroulement du monde, l'inframonde tel qu'il est avant sa construction sociale. Elle est menacée par elle-même, par son propre imaginaire qui peut ressurgir et mettre en cause l'institution existante. Elle est aussi menacée par les transgressions individuelles, résultats du fait qu'au noyau de chaque être humain une psyché singulière, irréductible et indomptable. Elle est enfin menacée par, jusqu'à nouvel ordre, par les autres sociétés. Aussi et surtout, chaque société est plongée dans une dimension temporelle immaîtrisable, un avenir qui est à faire, relativement auquel il y a non seulement des incertitudes énormes, mais des décisions qui doivent être prises."

D'après la Montée de l'insignifiance - Édition du Seuil - 1996

Apr 19, 2019

Salut don Sallustre!


La Folies des grandeurs - Gérad Oury - 1971

L'homme est grand et beau; la quarantaine conquérante, peut-être appuyée sur de nombreuses conquêtes d'ailleurs; sûr de lui en tout cas. Un beau mec, type occidental. Doudoune rouge vif chic; chemise chère.

Devant la vitrine, sous le petit soleil chaud d'avril, l'homme beau arrête sa conversation avec la patron de la boutique de fringues pour celui qui s'avance vers eux pour les saluer. Celui qui s'avance vers eux, c'est un petit homme brun et trapu, turque peut-être, avec son pantalon moucheté de plâtre; deux tee-shirts de travail sur le dos: un gris troué, Columbia à manches courtes au-dessus, un autre bleu-gris à manche longues en-dessous, qui lui couvrent les bras jusqu'aux poignets. Un ouvrier du bâtiment apparemment.

L'homme beau salue l'ouvrier avec un check et une main posé affectueusement dans le cou de l'ouvrier. Une main qui possède.

Saluerait-il ainsi s'il rencontrait dans cette rue un autre homme beau, européen, en doudoune fashion et jean de marque comme lui? Y-a-t'il d'ailleurs un salut réservé à ceux de sa classe sociale? Doit-on saluer avec celui d'emprunt d'une autre classe pour paraître généreux et hospitalier avec ceux de cette autre classe?

Ne faut-il pas rester sois-même?

Il y a un doute. Doute sur le naturel du check et de la main dans le cou de l'ouvrier. Les gestes d'un seigneur. Pourquoi l'homme beau ne saluerait-il pas comme on lui a sûrement appris dans son Europe occidentale? L'autre, l'ouvrier n'y serait pas sensible? Serait-ce trop à comprendre et à accepter pour ce petit homme trapu? On salue comme ça dans le bâtiment?

Je m'interroge alors que je ne devrais pas devant cette scène si banale. Ces interrogations m'interrogent...

Le petit homme trapu connaît au moins deux langues, deux systèmes de valeurs, de totems et de tabous sociaux, deux cultures, deux façons de faire des pauses pour fêter l'année qui avance: les nôtres qui sont les siens maintenant, et ceux de ces lointains ancêtres. Le petit homme voit le monde à 360 degrés. Il voit large et comprend large, de fait. Il a sûrement deux fois plus de vocabulaire, de noms et de verbes que le beau pour comprendre un salut qui n'est pas comme le sien.

L'homme beau croit voir large.

Je me fais des films! Tout est toujours plus compliqué; tout est toujours plus nuancé et échappe toujours aux analyses de comptoir.

Mais il y a ce doute, ce léger malaise à voir cette scène. Le doute est apparu. Il faut le prendre en compte. 

L'homme beau est sûrement bon et sincère (il faut toujours parier au premier abord que les gens sont bons et sincères), mais il véhicule des gestes et des attitudes qui le posent dans la vie là où d'autres n'iront jamais.

Comme nous le faisons tous à longueur de journée avec notre langage du corps.

Vernon - 04/2019

   

Apr 18, 2019

Marcottage




Je veux faire la nique à la Mort
Je dessine et vends et donne mes dessins
Je me prolonge comme par marcottage
Je retarde l'effacement total
De quand je ne serai plus
Ce n'est pas de l'orgueil
Je sais que je disparaîtrai
C'est juste que je ne veux pas tout donner
Trop facilement à la Mort
Je veux l'emmerder un peu


Vernon - 04/2019

Apr 8, 2019

Rythmes




Pistoche, c'est mon petit chien.

Pistoche vit à mon rythme. Nous faisons chaque matin, et chaque soir, une promenade dans les rues calmes de la ville. Pistoche vit à mon rythme; enfin, pas tout à fait, car quand je fais un pas sur le trottoir, mon petit Pistoche en fait sept pour me suivre (ou pour me devancer à distance de laisse). Pistoche vit à sept fois mon rythme deux fois par jour, et je me demande comment ce petit chien marcherait à l'état de nature? A quel vitesse le Pistoche sauvage marche?

Parce que certains soirs, quand nous marchons dans le rue, mon petit Pistoche, tikitikitikitikitikitik, pendant que moi, plomplomplom.

Vernon 04/2019

Mar 20, 2019

2001 a Space Odyssey

2001 a Space Odyssey -S. Kubrick

Progrès technologique et sexisme dans la science-fiction; peut-on extrapoler des progrès en éthique?

"Les capsules spatiales de Explorateur I étaient des sphères de trois mètres de diamètre dans lesquelles l'opérateur, assis derrière une baie, jouisait d'une vue splendide. Un moteur fusée produisait une accélération équivalente à un cinquième de la pesanteur normale et suffisante pour planer au-dessus de la Lune, par exemple, tandis que des fusées stabilisatrices permettaient le pilotage (...) Les capsules n’étaient certes pas le plus élégant des moyens de transport conçus par l'homme, mais elles étaient absolument essentielles pour tous les travaux de construction ou d'entretien effectués dans l'espace. On les baptisait en générales de noms féminins, sans doute parce que leur caractère était imprévisible. Celles de Explorateur I s'appelaient Anna, Betty, et Clara".
Arthur C. Clarke 2001: A Space Odyssey 1968


Mar 17, 2019

Maman te regarde, mon chéri!

"Maman te regarde, mon chéri!" - Photocomposition - 2014

"Le seul véritable projet reste encore, ici comme dans tous les systèmes physiques, celui du retour à l'équilibre, c'est-à-dire à la mort. Tout le reste, l'organisation, la croissance, le développement, l'apprentissage et la reproduction invariante elle-même, n'est pas de l'ordre du projet, mais au contraire des perturbations aléatoires qui heureusement le contrarient. Les organismes vivants apparaissent ainsi comme des systèmes suffisamment compliqués, redondants et fiables, pour réagir aux agressions aléatoires de l’environnement de telle sorte que l'atteinte de l'état d'équilibre, c'est-à-dire la mort, ne soit possible qu'à travers les détours de ce qu'il est convenu d'appeler la vie."

Henri Atlan - Entre le cristal et la fumée - Editions du Seuil - 1972

Feb 26, 2019

Désir d'absolu


Toits de Bourges, aussi haut que le permet la visite du palais Jacques Cœur (mais pas tout en haut...)

     La tradition philosophique occidentale a toujours séparé la raison du sensible. Peut-être est-ce Descartes qui théorisa cette séparation le plus radicalement: l'Homme a un esprit, une âme, une raison, mais il a aussi un corps, des sensations, des désirs. A chacun d'eux des attributs irréductibles les uns aux autres. Raison côté âme; désir côté corps. Corps et âme séparés et unis à la fois; séparés par leurs essences; unis de force par Descartes dans la glande pinéale.

     Peut-être est-ce Emmanuel Kant qui le premier énonça que, comme le corps, la raison avait des désirs. Le désir depuis Kant n'est plus réservé au corps et aux expériences sensibles. Les désirs de la raison: désir de connaître la cause de quelque chose, désir de connaître la cause de la cause de ce quelque chose, puis encore désir de connaître la cause, de la cause, de la cause...etc ... désir d'absolu au bout de la régression à l'infini des causes qui s'enchaînent et s’engrainent comme les perles d'un collier vertigineusement long, sans fermoir parce qu'il ne ceindra jamais rien dans son infinie longueur, ou qu'il ceindra tout dans son infini déploiement.

     Tout petit déjà, peut-être avais-je sept ou huit ans, je m'en souviens très bien, et j'en éprouve encore la sensation de l'époque aujourd'hui, tout petit déjà, ma raison naissante était gonflée de ces désirs. Je recevais les explications de mes parents et de mes professeurs sur les choses de ce monde sans jamais me satisfaire. Cette insatisfaction aiguisait les désirs de ma raison comme une meule de pierre tournant à toute vitesse sur le fil d'un couteau. Peut-être étais-je d'ailleurs plus insatisfait de ce que l'on ne comprenne pas mon désir d'épuisement des causes, que de ne pas pouvoir les atteindre moi-même par-delà ces abîmes qui semblaient fermer, même aux adultes, les portes des explications totales et achevées. Des abîmes de distance avec la cause de toutes les causes, comme un phare qui, au lieu d'être cramponné sur les enrochements d'une côte à rejoindre, serait posé sur la mince ligne de l'horizon, attirant toujours le voyageur, reculant toujours devant lui. Toujours là; toujours loin à la fois.

     La raison désirante, les désirs de ma raison, espéraient tout dans les explications. Ma raison désirait de l'absolu, et toujours, je me sentais frustré et privé; comme quand, lorsque l'on visite ces vieux châteaux, on se réjouit par avance, marche après marche gravies dans l'escalier d'une tour qui vous promets l'accès aux étages mystérieux et tant désirés, et que l'on bute soudain sur une chaîne en travers des derniers degrés; ceux qui mènent encore plus haut dans ces combles qui apparaissent d'autant plus mystérieux qu'ils vous est interdit d'y accéder. Le petit panneau 'sens de la visite' nous écarte toujours des sommets.

     Enfant, je croyais qu'on pourrait me faire passer sous les chaînes en haut de tous les escaliers du savoir, de la vie, de l'union entre deux êtres, du ciel étoilé et de tout ce que les appétits de ma raison désirante voulaient saisir et dévorer.

     Et enfant déjà, comme aujourd'hui, je devinais au fond de moi, et je sais maintenant, qu'il n'y a qu'un seul absolu humainement atteignable, celui pour lequel chaque Homme peut renverser le petit panneau 'sens de la visite' et grimper vers les sommets.

Vernon 02/2019

Feb 24, 2019

COMM dans la Cité



https://www.culturebanque.com/carriere/etudes/

Vernon - Eure -

GORGIAS

Toutefois, Socrate, il faut user de la rhétorique comme de tous les autres arts de combat. Ceux-ci en effet ne doivent pas s'employer contre tout le monde indifféremment, et parce qu'on a appris le pugilat, le pancrace, l'escrime avec des armes véritables, de manière s'assurer la supériorité sur ses amis et ses ennemis, ce n'est pas une raison pour battre ses amis, les transpercer et les tuer. (...) On doit porter le même jugement sur la rhétorique. Sans doute l'orateur est capable de parler contre tous et sur toute chose de manière à persuader la foule mieux que personne, sur presque tous les sujets qu'il veut (...) Au contraire, on doit user de la rhétorique avec justice, comme de tout autre genre de combat.


(...)

SOCRATE

La vérité est peut-être un peu rude à dire, et j'hésite à la dire à cause de Gorgias. J'ai peur qu'il s'imagine que je veux jeter le ridicule sur sa profession. Je ne sais pas, moi, si la rhétorique que Gorgias professe est ce que j'ai en vue; car notre conversation de tout à l'heure ne nous a pas éclairée du tout sur ce qu'il pense. Mais ce que j'appelle rhétorique, c'est une partie d'une chose qui n'est pas du tout belle.


 Gorgias - Platon  - GF Flammarion - Trad. Émile Chambry


Vernon - 02/2019

Feb 23, 2019

Créations

Techniques mixtes - 02/2019

Je dessine une femme assise et adossée à sa chaise. Je pars d'un croquis de nu. Je veux dessiner de la danse d'une certaine façon. Je me concentre sur le travail. Le tutu, je l'ai dans la tête avant de le dessiner. Le modèle nu s'est habillé dans une arrière-cour de ma tête. Ca bossait au fond, et je ne le savais pas.

Et puis, je lève les yeux. En face de moi un autre travail; en face de moi éclate la pertinence d'une composition aussi belle à l'endroit que du côté de l'envers où je me trouve. Saisissement; comme quand, sur une route qui déroule ces lacets monotones, au sortir d'un virage, d'un virage précis, celui-ci et pas celui d'avant (le virage de l'instant où je lève les yeux de mon travail), on reçoit d'un coup tout un paysage, vaste, riche et magnifique, et comme installé là pour nous surprendre, surgissant, singulier, en équilibre sur des hardiesses et de la nouveauté.

Fraîcheur de la création.
02/2019



Feb 21, 2019

Itinéraire



Techniques mixtes - 2017


- Je t'ai expliqué, dit Louiset. D'ici ça va tout seul, regarde: tu vas jusqu'à ces hêtres; tu descends dans la combe et là c'est franc, tu suis le ruisseau jusqu'au bout. Là tu trouves un chemin. Ce n'est pas le chemin, c'est un chemin. En tout cas tu le prends et vas-y. Il monte et il descend, il fait les montagnes russes. Et pas d'arbres, note bien; c'est seulement à un endroit où le chemin est à peine marqué que tu trouves les châtaigniers. ..
" Jusqu'aux châtaigniers c'est parfait se dit Tringlot, mais après? Il m'a dit les bouleaux? Des arbres blancs? Je ne vois rien du tout (il n'y avait plus de chemin). Il m'avait dit; des murs ou des sortes de murs; alors, là, pour se dépêtrer! Ah! oui, voilà, il a raison: ce sont des ruines d'une bergerie à l'orée de la châtaigneraie.
A la sortie du bois, Tringlot se trouva davant une étendue pierreuse couverte de buis. "Si tu tombes sur des buis, c'est que tu t'es trompé, avait dit Louiset; sinon tu verras déjà Quelt, là-bas devant toi, loin mais visible." Il ne voyait rien du tout, que des buis.

J Giono - L'iris de Suse - Éditions Gallimard 1970

Des pauvres



Trouville (14) - Le "Trouville" - Départ du bateau pour le Havre (carte postale - 1920 environ)

On m'avait donc embarqué là-dessus (*) pour que j'essaye de me refaire aux colonies. Ils y tenaient ceux qui me voulaient du bien à ce que je fasse fortune. Je n'avais envie moi que de m'en aller, mais comme on doit toujours avoir l'air utile quand on est pas riche, et comme d'autre part je n'en finissais pas avec mes études, ça ne pouvait durer.

(*) un bateau pour l'Afrique
L.F. Céline - Le voyage au bout de la nuit - 1932

Feb 19, 2019

Matin



Exposition 'Face à face' - 2015 - techniques mixtes

Une sorte de calme pesant venant de dehors le tira du lit. Il ouvrit les volets. Un manteau de neige avait dressé au cordeau les hauts des haies du jardin mieux qu'il ne l'avait jamais fait en douze années de taille. La neige remontait partout le sol d'une dizaine de centimètres. Le jardin avait comme rétréci, et avait dans ses nouvelles proportions un caractère enfantin; des allures de jardin de poupée.

Il s'engouffra sous la douche. Il se sentait faible mais c'était bon de sentir la brûlure du jet venir masser entre ses omoplates les paquets de fatigue compacts qu'il traînait là depuis plusieurs semaines. Il pensa que c'était bon de vivre.

Vernon 02/2019

L'iris de Suze




         Maintenant l'été s'étalait lourdement. Les vallées sombraient sous une lumière violette. Des orages grommelaient dans le fond. Les sommets restèrent longtemps clairs et acides mais la chaleur monta; enfin, elle passa la lisière haute de la forêt et elle trembla à cinquante mètres de l'abreuvoir; son air dépoli brouilla l'herbe et les rochers. Les insectes stridents s'exaspérèrent, même la nuit.
          Un beau jour, ils se turent d'un coup. "Nous avons de la visite", dit-il. C'était un nuage couleur de vin. Il surmontait la montagne. Il arrivait à toute vitesse. Il éclata contre les rochers; il s’effilocha en soufflant comme un chat. Il jeta une poignée de pluie presque sèche, plus dure que du gravier et il s'enfuit en lambeaux dans un azur brusquement écartelé de safran. Les bruit des insectes reprit en hésitant; quelques grosses sauterelles s'envolèrent; leurs ailes rouges éclataient.
         Des moutons quittèrent les pâturages du sommet; ils s'approchèrent de la maison. Ils vinrent renifler Louiset. Ils restèrent immobiles; ils interrogeaient; "Et alors, leur dit Louiset, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?" Ils s'en allèrent la tête basse.
          Pendant la nuit tout le troupeau redescendit. Au matin il s'était entassé dans une cuvette, loin des rochers. Il n'y avait pas le moindre vent; les plus minces brins d'herbe étaient raides comme des pointes de herse; le pelage des hêtres qui, d'ordinaire, chatoie à la plus légère haleine restait immobile, métallique et glacé.
          Tout le mouvement était dans le ciel. Les nuages paraissaient animés de leur propre colère; ils continuaient à arriver à bride abattue, difforment et gesticulants, traînant avec eux une lumière décomposée. Les moutons se cachaient dans la laine du troupeau et se serraient de plus en plus les uns contre les autres; les chiens tendaient le nez comme pour hurler mais ne donnaient qu’un jappement bref.
          Un nuage gras se dandina lentement. il tomba sur la montagne comme un plomb. Il se traîna sur le rocher en lui arrachant des étincelles éparses; une foudre lente sauta à ras de terre comme un crapaud.
       Louiset eu juste le temps de dire:"ça va dégringoler!". Ils furent abasourdis par un silence particulier, puis le fracas fut entonné à pleine voix par toutes les vallées. Quelques énormes gouttes grêlèrent comme des noix et un vent furieux emporta des blocs de pluie entrechoqués. Les claquements du fouet de la foudre ne cessaient pas, ni, de tous les côtés, la galopade des tombereaux de tonnerre.
         Alexandre cria.
- Qu'est-ce que tu dis? répondit Tringlot.
         Alexandre avait la bouche grande ouverte mais le vacarme couvrait sa voix.

L'iris de Suse - J. Giono 1970

Feb 16, 2019

De la danse


Techniques mixtes - 2018
- Parmi les mouvements élémentaires que vous aimez travailler, la marche a une place cruciale. A partir de quand la marche devient-elle de la danse ?
- Lorsqu’on change l’intention. Marcher, c’est un mouvement de base. Ça implique la verticalité du dos, ça fonde la posture humaine, ça organise mon temps et mon espace. C’est aussi la manière la plus simple de définir la gravité. (Elle se lève et passe d’une jambe sur l’autre, lentement, concentrée, comme si elle testait la marche pour la première fois). Vous voyez, mon poids est réparti… et là, je le déplace. C’est un transfert de poids permanent : chuter et se rattraper, chuter et se rattraper. Quand je marche, je perturbe l’angle droit que je forme avec la terre. That’s nice. 
 
Anne Teresa de Keersmaeker par Eve Beauvallet 13/09/2018 (extrait)

Condorcet féministe


Le flagrant délit - techniques mixtes - T. Chambenois - 2013

Nicolas de Condorcet, ancien homme de cabinet du ministre Turgot, secrétaire de l'Académie des sciences, votant contre la peine de mort pour le roi Louis, député girondin de l'Aisne, militant pour l'instruction publique de tous, et tombant sous le coup d'un mandat d'arrestation pour trahison envers le nouveau pouvoir aux mains de Robespierre, se cache à Paris au début de juillet 1773. Il écrit l'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain. Arrêté, emprisonné, on le retrouve mort dans sa cellule.

Parmi les progrès de l'esprit humain les plus importants pour le bonheur général, nous devons compter l'entière destruction des préjugés qui ont établis entre les deux sexes une inégalité de droits funeste à celui même qu'elle favorise. On chercherait en vain des motifs de la justifier par les différences de leur organisation physique, par celles qu'on voudrait trouver dans la force de leur intelligence, dans leur sensibilité morale. Cette inégalité n'a eu d'autre origine que l'abus de la force, et c'est vainement qu'on a essayé depuis de l'excuser par des sophismes.

'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain

Vernon 02/2019 
 

Feb 15, 2019

Orage sur la Cité



Val de Reuil (27)



Ainsi chacun de ceux qui vivaient dans la Cité avait un principe qu'il plaçait plus haut que tout sur l'émail bleu du ciel de ses idées. Un principe sur un petit nuage blanc. Tous appartenaient à la Cité, mais vivaient-ils vraiment sous les mêmes cieux?

La loi divine au-dessus de la loi des hommes


Parmi eux, il en était une pour qui le petit nuage blanc des lois divines surplombera toujours les lois humaines, fussent-elles celles d'un père et d'un roi; Antigone enterre son frère contre l'interdiction de Créon.

Créon
(...) Mais toi, dis-moi - pas de longs discours, abrège -
Tu savais qu'une proclamation avait interdit de faire cela?

Antigone
Je le savais? Comment ne l'aurais-je pas su? Elle était publique.

Créon
Et pourtant tu as eu l'audace de transgresser ces lois?

Antigone
Bien sûr, ce n'est pas une proclamation de Zeus qui m'a dit de le faire,
Et Diké, celle qui habite avec les dieux d'en bas,
N'a pas non plus défini parmi les hommes des lois comme la mienne.
Je ne pensais pas d'avantage que tes proclamations
Pouvait permettre à un mortel d'enfreindre des règles non écrites,
Des règles inébranlables, venues des dieux.
car ce n'est pas d'aujourd'hui ni d'hier, c'est depuis toujours
Qu'elles sont en vigueur, et personne ne sait d'où vient leur lumière.
Il n'était pas question qu'au nom de ces lois-là, par peur des décisions
D'un homme, je sois punie devant les dieux (...)
Antigone - Sophocle

La seule loi des hommes pour la conduite de son métier
Pour tel autre, au contraire, ce petit nuage pur et blanc tout là-haut dans l'azur de ses principes, ce sont les lois que ce donnent les hommes. Rien de plus, rien de moins.

- Mon action est en premier lieu judiciaire. Je m'emploie simplement à occuper l'espace de liberté qui m'est offert, mais ne me sens pas investi d'une responsabilité qui dépasserait le périmètre alloué par l'exercice de ma profession.
Eric Dupont-Moretti - Le droit d'être libre - Éditions de l'aube (2018)


La philosophie au-dessus de la loi

Diogène avait au firmament de ses préoccupations un petit nuage blanc appelé philosophie .

On lui demanda: "En quoi la philosophie est-elle supérieure à la magistrature." il dit: "Le juge prononce des sentences sur les hommes, alors que le philosophe prononce des sentences sur les juges; la philosophie est par conséquent plus puissante et supérieure."

Diogène le cynique - Fragments inédits - Trad. Adeline Baldacchino - Éditions Autrement


L'humain ordinaire pour seule loi

Dans les cas extrêmes et tragiques de la vie, le Législateur place l'humain, l'humain monsieur et madame tout-le-monde, au-dessus de tous les policiers, procureurs et juges, au-dessus de tout ceux qui font profession de justice.

" Sous réserve de l'exigence de motivation de la décision, la loi ne demande pas compte à chacun des juges et jurés composant la cour d'assises des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d'une preuve ; elle leur prescrit de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : " Avez-vous une intime conviction ? ".
Article 353 du code de procédure pénale
 
Le job avant tout,  rien que le job 

"Je me suis laissé emporte. j'étais pris dans une spirale, je voulais faire gagner encore plus à la banque."

Jérôme Kerviel

Le panache et l'honneur au-dessus de tout.

LE VICOMTE exaspéré
                                                         Bouffon!

CYRANO poussant un cri comme lorsqu'on est saisi d'une crampe
                                                                        Ay! ...

LE VICOMTE, qui remontait, se retournant
                                                                                    Qu'est-ce encor qu'il dit?

CYRANO, avec des grimaces de douleur
                                 Il faut la remuer, car elle s'engourdit ...
                                - Ce que c'est que de la laisser inoccupée! -
                                        Ay ! ...

LE VICOMTE
                                                        Qu'avez-vous?

CYRANO
                                                                                  J'ai des fourmis dans mon épée!

LE VICOMTE, tirant la sienne
                                Soit !

CYRANO
                                            Je vais vous donner un petit coup charmant.


 LE VICOMTE méprisant
                                Poète !

CYRANO
                                            Oui monsieur, poète! et tellement,
                                Qu'en ferraillant je vais - hop!- à l'improvisade,
                                Vous composer une ballade.

LE VICOMTE
                                                                                Une ballade?

CYRANO
                                Vous ne vous doutez pas de ce que c'est, je crois? 

LE VICOMTE
                                Mais ....

 CYRANO, récitant comme une leçon
                                               La ballade, donc, se compose de trois
                                Couplets de huit vers ...

 LE VICOMTE
                                                                      Oh !

  CYRANO, continuant
                                                                               Et d'un envoi de quatre ...
 LE VICOMTE
                               Vous ...

  CYRANO
                                            Je vais tout ensemble en faire une et me battre 
                               Et vous toucher, Monsieur, au dernier vers.

 LE VICOMTE
                                                                                                     Non!
        
 CYRANO
                                                                                                               Non?
                                                                                                      Déclamant

                            "Ballade du duel qu'en l'hôtel bourguignon
                             Monsieur de Bergerac eut avec un belître."


 LE VICOMTE
                             Qu'est-ce que c'est que ça, s'il vous plait? 

CYRANO
                                                                                               C'est le titre.

Edmond Rostand - Cyrano de Bergerac

Tous les petits nuages se sont accumulés au-dessus de la Cité. Certains s’agrégeaient et d'autres se repoussaient.

Dans la promiscuité des airs à l'aplomb de la Cité, il y eut des éclairs et des grondements de tonnerre. Le ciel devint noir et des torrents de pluie s'abattirent sur la Cité, emportant les Justes qui se débattaient pour ne pas sombrer.

Beaucoup des plus sages se noyèrent.


Vernon, 02/2019

Feb 10, 2019

Lire

Vernon - 2015 - 2019



Règlement intérieur d'un collège à Evreux sous l'Empire







On notera parmi les bases de l'enseignement (page 4) la "Fidélité à l'Empereur, à la Monarchie impériale, dépositaire du bonheur des peuples (...)"

Quand l'Etat se soucie du bonheur des peuples, de la bonne vie, on a les germes de la dictature.

Qu'est-ce que gouverner? Platon le résume par ce sous-titre de la République:De la Justice

Et si donc gouverner, faire de la Politique, chercher les formes de l'état assurant l'autonomie et la concorde entre les citoyens, se résumait au seul soucis de Justice.

Aux citoyens, quant à eux, de trouver, pour eux, la bonne vie qui leur convient.

Vernon 02/2019






Feb 4, 2019

Passion

Chemin de croix - Hauts-reliefs en bois de l'église de Montfarville (50) Manche - Cotentin

La leçon de musique

Barry Lindon - Stanley Kubrick

Feb 3, 2019

Comprendre ceux qui ont vécus avant nous et se comprendre dans notre époque (éléments de réflexion)




Forage pour du pétrole à Incarville (Eure)


"... tous nos actes trouvent leur conditions de possibilité effective, tant pour leur matérialité que quant à leur signification, dans le fait que nous sommes des êtres sociaux vivant dans un monde social qui est ce qu'il est parce qu'il est institué ainsi et pas autrement. Nous ne sommes pas des "individus" flottant librement au-dessus de la société et de l'histoire et qui pourrions décider souverainement dans l'absolu de ce que nous ferons, de comment nous le ferons, du sens que cela aura une fois fait.
Nous ne sommes certes pas déterminé par notre milieu ou notre situation; mais nous en sommes conditionnés infiniment plus que nous aimons à le penser et, surtout, en tant qu'individus nous ne choisissons ni les questions auxquelles nous auront à répondre, ni les termes dans lesquels elles seront posées, ni, surtout, le sens ultime de notre réponse une fois donnée. Les conséquences de nos actes sont lancées dans le déroulement social-historique, nous échappent et donc nous ne pouvons pas ignorer ce développement.
(...) De ces conditions, une partie nous échappe et nous échappera à jamais. Personne ne choisira jamais le lieu ou l'époque de sa naissance, la situation ou le caractère de ses parents. Mais une autre partie dépend de nous et celle-ci peut, du moins en principe, être mise en question et, le cas échéant, transformées. C'est celle qui a trait aux institutions explicites de la société. Et la vrai politique n'est rien d'autre que l'activité qui, partant d'une interrogation sur la forme et le contenu souhaitables de ces institutions, se donne comme objet la réalisation des institutions jugées les meilleures et, notamment, de celles qui favorisent et permettent l'autonomie humaine."

Cornélius Castoriadis - La montée de l'insignifiance - les carrefours du labyrinthe 1996

Dimanche


Croquis

2018 - techniques mixtes - encre et craie Conté à Paris

"Ces Mémoires ont été composés à différentes dates et en différents pays. De là, des prologues obligés qui peignent les lieux que j'avais sous les yeux, les sentiments qui m'occupaient au moment où se renoue le fil de la narration. Les formes changeantes de ma vie sont ainsi entrées les unes dans les autres : il m'est arrivé que, dans mes instants de prospérité, j'ai eu à parler de mes temps de misère; dans mes jours de tribulations, à retracer mes jours de bonheur."

Chateaubriand - Avant-propos aux Mémoires d'outre-tombe.

Hiver


Venables - Eure

Je croise souvent dans la ville un ancien employé municipal maintenant en retraite, et que je côtoyais chaque année pour le montage de l'exposition. Je reconnais de loin son pas de traîne-savates. C'est un homme gentil au regard doux et souriant.
Comme pour certains le chagrin, la gentillesse creuse aussi, à sa façon, les visages pour d'autres.

Il m’aperçoit sur le trottoir d'un face. Je lève une main pour le saluer.
- ça va?
J'adore ces "ça va?"
Il lève les yeux vers le ciel avec un petit sourire (Il sourit tous le temps)
- 'pas chaud!
Je hausse des épaules résignées et fais la moue, sans un mot; langage universel des corps
- (Lui, résigné comme mes épaules) C'est l'hiver!

Oui, c'est l'hiver









Nu assis


Vernon 02/2019

Avril




J'étais là. C'était un jour, des rues, une heure où je n'allais pas d'habitude.

La ville toute calme, silencieuse, presque recueillie, ressemblait aux bourgades fragiles que l'on fonde dans ces contrées lointaines en lisière de l'inconnu.

Deux passants remontent la rue avec des cabas; une voiture passe. Un homme affairé traverse en diagonale la place de l'église, là-bas. Le petit resto sort sont menu sur un panneau de bois. Le libraire accroupi sur le seuil verrouille sa porte pour deux heures.
 
Encore une poignée de minute pour que la distance se réduise dans une silhouette aperçue.

Combien de minutes encore dans cette poignée? Cinq? Trois? Deux minutes?

Une poignée de minutes que je laisse glisser sur les murs de brique lavés de pluie, et tout vernis de frais par ce petit soleil d'Avril.

L'air est transparent comme un cristal blanc et accroche sur le trottoir mouillé toute sorte de verroterie sous mes semelles tranquilles et pressées à la fois.

Vernon 02/2019

Feb 2, 2019

La diseuse de bonne aventure - Le Caravage


Dans la version du Louvre:
- la diseuse de bonne aventure,manipuleuse
- le jeune homme, naïf

Scène de genre



Et puis ensuite

La version de la Pinacothèque Capitoline de Rome
- le jeune homme, pas dupe mais ému
- la jeune fille, idem

Scène du désir


Toujours l'humaine condition où la tricherie, le péché, la violence, la duplicité de l'âme côtoient le désir, l'amour et le sublime des cœurs. 

J'ai l'impression que toute l’œuvre du Caravage n'est qu'une seule demande de pardon pour nous, pauvres pécheurs, noirs et sublimes à la fois.


Vernon 2019

Feb 1, 2019

Hermès


Oh Hermès aux scandales ailées!

Oh Toi, le messager qui donna la danse aux hommes!


Bienheureux es-tu d'avoir pour attribut des ailes à tes chevilles car, comment ferais-tu pour porter les messages des dieux et les bouquets des hommes avec cette jambe droite beaucoup plus courte que la gauche?

Interflora n'a pas caché cette humaine infirmité.

Vernon 02/2019

May 4, 2017

Trucs et astuces de la semaine

Encre et lavis - Une conscience libre dans la nuit (détail)  - 04/2017

Truc
Pour aider à la compréhension du premier chapitre de l’Évolution créatrice de Henri Bergson, pratiquez le dessin à l'encre et au lavis, et plus généralement toute les techniques graphiques liquides.

Astuce
Pour comprendre comment la création artistique peut jaillir dans l'imprévu des techniques à l'encre et au lavis, lire le premier chapitre de l'Évolution créatrice de Henri bergson.

Vernon - 05/2017



Apr 22, 2017

La conversion de Paul sur le chemin de Damas


La tradition religieuse reconnait deux grands courants aux origines du christianisme. Celui de Jacques, frère de Jésus, un courant que l'on pense très proche de la parole du Christ, et celui de Paul, désigné par Dieu sur le chemin de Damas pour aller évangéliser les Païens. C'est la prédication de Paul qui posera les bases du catholicisme le plus intolérant. Punition des pêcheurs à la fin des temps, injonction de rejeter le corps, femmes sous la domination de l'homme, abstinence sexuel remplissent l'Epître aux Corinthiens; un texte effrayant de dureté et de menaces pour le genre humain.

Dès la première fois où le voit le tableau de Caravaggio, on peut être saisi d'un sentiment de grotesque. Grotesque ce Paul que la lumière divine vient de jeter à terre; grotesque ces bras tendus vers le ciel. Caravaggio peint un Paul fanatique, hystérique, gesticulant sous son cheval tel un dément au point d'effrayer l'animal qui lève son antérieur et regarde à distance, navré, ce cavalier en plein délire. Il semble même que Caravaggio ajoute à la scène une pointe de moquerie. On est bien loin des belles représentations douces, sensibles, fragiles et profondément humaines du Christ qui illuminent le reste de son œuvre.

Caravaggio aimait boire, manger, baiser, aimer, vivre. Caravaggio n'aimait probablement pas les commandements de Paul. Il semble que cette peinture le crie à qui veut l'entendre. Suis-je le seul à ressentir ça?

Vernon - 04/2017

Apr 2, 2017

Balade géométrique

Encre - 04/17

6h50 - Romain sort de chez lui et monte dans sa voiture. La dame de 6h50 revient du square de la mairie et rentre chez elle. 
Ces deux chiens tirent sur leur laisse; triangle isocèle parfait, comme chaque matin, avec la dame pour hauteur, entre Pistoche A et Pistoche B, et le trottoir de la ville pour base.

Vernon - 04/2017