Paris - 08/2016
J'ai attendu les artistes après le concert. Jenny est sortie et j'ai tenté de me frayer un chemin dans le groupe pour la féliciter. Elle avait un sourire radieux et laissait flotter ses regards à travers la foule bruyante des chanteurs et des musiciens jusqu'à ce qu'elle m'aperçoive. Il faisait frisquet et devant l'église, les conversations mêlées d'éclats de rire lâchaient des petits ballonnets blancs de vapeur dans le noir de la nuit au-dessus du groupe qui ne semblait pas décidé à se disperser. Quand Jenny m'a vu, j'ai eu l'impression que qu'elle me traçait ce chemin dans la foule que je cherchais en vain. Elle était belle comme une reine qui, pour m'accueillir, ouvrait rien que pour moi une perspective dans ses jardins à la française au milieu des ombres bruyantes sur le trottoir. Mais je me suis dis que je me faisait peut-être des films.
- Bravo, Jenny c'était magnifique!
- Tu as aimé, vraiment?
- C'était splendide! Je sais pas parler de la musique ... j'ai pas les mots, mais c'était splendide, Jenny!
- Merci! Je suis si heureuse que tu sois venu. Tu es très élégant, belle chemise!
- Arrête de te moquer de moi! C'est pas sympa! Je viens te féliciter et toi tu te moques (rires)
- Je ne me moque pas de toi. Je te trouve très élégant ! Et si nous allions manger un morceau? Ça te dirait? Qu'est-ce qu'il y a encore d'ouvert à cette heure-ci? Le Duchess est peut-être encore ouvert?
- Tu ne poursuis pas la soirée avec les autres?
- Non! Allons dîner. C'est moi qui t'invite ! Attends-moi deux minutes, je vais leur dire que je ne reste pas.
Le Duchess fermait comme nous arrivions. J'ai dis alors que c'était moi qui l'invitais. J'ai proposé à Jenny un ragoût de mouton-haricots blancs à réchauffer à la maison. J'ai précisé qu'il ne serait sûrement pas aussi bon que ceux que Ted mijotait. Jenny m'a dit qu'elle n'avait jamais goûté à la cuisine de Ted, mais que par contre, elle mourait d'envie de goûter à la mienne. Il m'a semblé qu'elle avait l'air plus sincère que moqueuse. Un ragoût de mouton-haricots blancs, c'est peut-être pas très raccord après le requiem de Mozart, mais qu'est-ce qui est raccord pour prolonger la soirée après une messe des morts?
Comme nous sommes entrés, nous avons ôté nos manteaux tout sourire. J'ai sorti du congéle le ragoût et l'ai mis à réchauffer tout de suite. J'ai dressé la table rapido et je suis allé chercher une bouteille de Chablis dans le cellier en guise d'apéro. Il me restait aussi trois quarts d'une bouteille de Costières de Nîmes (c'est en France, le pays d'origine de la toile de nos Jean, parait-il), un petit vin rouge français aux notes épicées bien agréables; un ovni ici où l'on ne jure que par le Champagne et le Bordeaux, les rares fois où l'on ne pense pas à boire de la bière ou du Minute Maid. Jenny m'a demandé ce qu'elle pouvait faire pour m'aider et je lui ai dis - rien, sinon partager avec moi ce petit vin blanc français chargé de soleil européen.
Le Chablis était bien frais (jusqu'à 20°F je peux utiliser mon cellier comme un grand frigo) avec des transparences anisées de citron à peine mûr. Nous nous sommes assis à la table de la cuisine en attendant que le ragoût se réchauffe. Il faisait des petits glouglous paisibles sous le couvercle du faitout. Il y avait du silence dans les coins de la pièce où la faible lumière de l'ampoule n'allait pas; un silence de cathédrale qui, je trouvais, donnait trop de relief à nos voix. Ça me faisait bizarre de voir Jenny dans ma modeste maison à cette heure tardive. Le contraste robe du soir - toile cirée de cuisine était étrange, mais emprunt d'une douce simplicité. J'ai eu comme des chaleurs dans le ventre et ce n'était pas uniquement à cause des premières gorgées de vin.
Et puis nous avons parlé de Ted.
Le Duchess fermait comme nous arrivions. J'ai dis alors que c'était moi qui l'invitais. J'ai proposé à Jenny un ragoût de mouton-haricots blancs à réchauffer à la maison. J'ai précisé qu'il ne serait sûrement pas aussi bon que ceux que Ted mijotait. Jenny m'a dit qu'elle n'avait jamais goûté à la cuisine de Ted, mais que par contre, elle mourait d'envie de goûter à la mienne. Il m'a semblé qu'elle avait l'air plus sincère que moqueuse. Un ragoût de mouton-haricots blancs, c'est peut-être pas très raccord après le requiem de Mozart, mais qu'est-ce qui est raccord pour prolonger la soirée après une messe des morts?
Comme nous sommes entrés, nous avons ôté nos manteaux tout sourire. J'ai sorti du congéle le ragoût et l'ai mis à réchauffer tout de suite. J'ai dressé la table rapido et je suis allé chercher une bouteille de Chablis dans le cellier en guise d'apéro. Il me restait aussi trois quarts d'une bouteille de Costières de Nîmes (c'est en France, le pays d'origine de la toile de nos Jean, parait-il), un petit vin rouge français aux notes épicées bien agréables; un ovni ici où l'on ne jure que par le Champagne et le Bordeaux, les rares fois où l'on ne pense pas à boire de la bière ou du Minute Maid. Jenny m'a demandé ce qu'elle pouvait faire pour m'aider et je lui ai dis - rien, sinon partager avec moi ce petit vin blanc français chargé de soleil européen.
Le Chablis était bien frais (jusqu'à 20°F je peux utiliser mon cellier comme un grand frigo) avec des transparences anisées de citron à peine mûr. Nous nous sommes assis à la table de la cuisine en attendant que le ragoût se réchauffe. Il faisait des petits glouglous paisibles sous le couvercle du faitout. Il y avait du silence dans les coins de la pièce où la faible lumière de l'ampoule n'allait pas; un silence de cathédrale qui, je trouvais, donnait trop de relief à nos voix. Ça me faisait bizarre de voir Jenny dans ma modeste maison à cette heure tardive. Le contraste robe du soir - toile cirée de cuisine était étrange, mais emprunt d'une douce simplicité. J'ai eu comme des chaleurs dans le ventre et ce n'était pas uniquement à cause des premières gorgées de vin.
Et puis nous avons parlé de Ted.
Aubevoye - 08/2016
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