Jun 24, 2015

Rendez-vous

London - 2013

Une demi-heure d'avance sur mon rendez-vous avec la galerie A. J'entre dans un bar-tabac, m'assois et commande une pression. Dehors il fait beau. Dedans il fait triste. 

Trois hommes sont accoudés au comptoir. Ils parlent peu. Ils passent le temps avec les voitures qui passent dans la rue,  avec les gens qui passent acheter des cigarettes, avec ceux qui passent acheter une revue, un journal. Ils attendent parmi ceux qui passent. Le patron est appuyé sur ses placards, le regard dans le vide.

Il y a bien des années, j'ai connu cette bouée en zinc où mousse un verre de bière, avec la solitude en sac à dos. Ce demi-naufrage/demi-sauvetage indécidable dans le quasi-néant relationnel des hommes au bar au milieu d'un monde qui s'affaire. On s'habitue, on accepte. On se dit que c'est comme ça, qu'on est coincé.

L'habitude des habitués des heures rituelles est comme un baume sur la morsure du temps.

La solitude n'est pas une maladie honteuse: on se rassure.

On sombre ou on se sauve, on ne sait plus très bien.


Putain de solitude! Merde!

Mais ces temps sont révolus et il est temps que j'aille à mon rendez-vous.

Aubevoye 06/2015

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