Roissy - 2012
Nous
attendons.
Derrière nous, il y a une peinture dont la composition
n'est basée que sur des rouges puissants. Il y a quelques rehauts de
bleu, je crois, mais on ne voit que les rouges. Dieu que cette toile
est triste !
Attente...
la porte s’ouvre. Il entre. Il est avenant, prévenant
même. Il s'assoit à son bureau avec encore un peu d'agitation. C'est un homme actif. Il doit cependant engager notre rendez-vous avec le calme et la solennité qu'il convient à la situation. Il doit éteindre toutes les étincelles du précédent rendez-vous qui pétillent encore dans ses gestes.
Brrrr!
Brrrr! Brrrr! Appel sur son portable. Il décroche « Allo ?
Oui …. Non, je suis en rendez-vous, rappelle-moi plus tard
s’il te plaît ... Oui … Non, je suis en
rendez-vous, je te dis ! Oui … à toute à l’heure ! ».
Il raccroche mais jette un dernier coup d'œil sur le téléphone
(au fait, pas de messages?) avant de le poser dans un tiroir qu'il laisse ouvert (pour s'il y avait des messages). Il clôt l'intermède par un bref « Excusez-moi !».
Son regard m’arrête. Impression de déjà-vu…
Ces yeux sont
en amande. Ils sont petits, brillants et légèrement fiévreux. Ils se posent sur
moi. Son regard est tendu et fixe, avec quelque
chose d’enfantin et de candide, et comme une fêlure d’inquiétude
dans l'émail de sa pupille. Terrible impression de déjà-vu … Je
ne m'y attarde pas et puis ça finit quand même par faire tilt
dans ma tête : ce type a le regard de l'acteur américain Tom
Hanks !
Pour les
rouges de la peinture derrière nous, oui, ils sont vraiment tristes ! J’avais
déjà remarqué ça jadis, sur une composition de Kandinsky.
Le
rouge est un ton froid quand il est seul. Pas de faute de goût dans le decor du rendez-vous.
Bourges - 2014

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